« Bill... » Une voix douce et féminine vint se poser sur le bruit de la télévision du salon. Pas de réponse. Une grande inspiration, je n'allais pas lâcher l'affaire, pas cette fois. « Bill ! » J'haussais alors la voix et un son aigu sortis de ma bouche. Un peu trop peut-être, mais il avait tourné la tête dans ma direction. J'étais sur le seuil, dans le couloir qui mène à la porte d'entrée. J'avais ma valise fleurie avec moi, ma veste sur le dos. Il haussa les sourcils, puis laissa échapper un ricanement. « Tu comptes aller où comme ça, blondie ? » Quel con. J'hésitais quelques secondes, mais le son avait de nouveau de la peine à sortir de ma bouche. Je me raclais alors la gorge, puis essayais de prendre un air sérieux et froid. J'étais déterminée. « Je m'en vais. » « Où ça ? » Aucune idée. « Je m'en vais. » Loin de toi. Je me répétais, haussant à nouveau la voix. Je sentis des frissons d'angoisse me monter dans le dos. Cette fois, je ne pouvais plus faire machine arrière. Je ne supportais plus cette vie monotone, dormir dans le même lit que ce connard de macho. S'en était fini. Il poussa un soupir, posa sa bière sur la petite table, puis se tourna totalement dans ma direction, les bras croisés. Ce sourire satisfait et heureux me donnait envie de gerber. « A bon ? » Il ne dit plus rien, se contentant de me dévisager. Il commençait à comprendre que cette fois, je ne reviendrais pas le supplier de me reprendre. Cette fois, je partirais très loin et ne reviendrais jamais. Je restais plantée là, silencieuse, attendant une réponse de sa part. Je savais qu'au fond, même s'il ne connaissait pas l'amour, il ne s'imaginait pas vivre sans ma compagnie. « Et comment vas-tu pouvoir continuer à t'acheter tes chaussures ? Et tes bijoux et tout ce merdier, hein ? » Il se leva et avançait vers moi. J'étais comme tétanisée. Il savait que tout ce temps, j'étais dépendante de lui financièrement, il m'avait appris beaucoup de chose, et je détestais la solitude. Il m'avait trouvé un travail, me logeait, mais en contrepartie je devais faire la belle, réaliser ses moindres désirs et me taire. J'aimais pouvoir m'offrir ce que je désirais. Mais malgré ça, je me suis rendu compte que je n'attendais pas d'être simplement comblée financièrement. Il était odieux, agressif, moqueur, il faisait ce qu'il voulait de moi. J'étais son jouet. Depuis bien trop longtemps. J'essayais de ne pas baisser le regard lorsqu'il arriva à proximité, mais je serrai les dents à m'en faire péter la mâchoire. « Je n'ai pas besoin de toi, Bill. » Il continuait de me transpercer du regard, sa veine du front commençait déjà à ressortir. Il avait compris que je ne plaisantais pas. C'était terminé. « Eh ben vas-y ! Barre-toi ! Il y a pleins d'autres connes qui rêvent de prendre ta place ! ... Par contre... » Son visage s'approcha du mien, j'étais collée contre le mur du couloir, incapable de me défaire de son emprise. « Toi tu ne survivras pas sans moi, t'es incapable de t'occuper de toi. Et quand tu voudras revenir, je ne serai plus là, blondie. » Ces paroles étaient devenues des murmures, une intonation qui me fit frémir. Non, il ne fallait pas que je range ma valise, pas encore une fois. Je pouvais m'occuper de moi-même. Je n'avais pas besoin de lui, de ce connard prétentieux. « Alors, à jamais. » J'avais de la peine à me faire entendre, mais tant pis, je l'avais dit. Il s'écarta, le sourire aux lèvres, pendant que je prenais mes affaires et claquait la porte derrière moi, les larmes aux yeux. Je valais mieux que ça.

Je marchais seule au milieu de nulle part, au bord d'une route déserte. Il allait bientôt faire nuit, mes affaires pesaient une tonne et j'avais faim. Quelle idée de mettre des talons. Bill avait peut-être raison, je ne m'en sortirai pas. Et quelle idée de partir sans même savoir quelle direction prendre ! J'étais conne. Comme toutes les autres. Je voulais seulement trouver un coin agréable, perdu et tranquille où je pourrais refaire ma vie sans avoir l'impression d'être jugée. Mais où ? Je laissais échapper un soupir de fatigue, puis m'arrêta sur l'arrêt d'urgence qui se trouvait à moitié recouverte d'herbe, à quelques mètres. Je m'assis sur ma valise et fermais les yeux quelques instants. « Mais quelle imbécile ! » Je criais un bon coup, histoire de me vider de toute cette tension que j'avais accumulée. J'avais marché, pris un bus, un autre, au bout du troisième j'avais arrêté de compter. Et me voilà ici, au bord d'une route déserte au milieu d'un paysage désert, à la tombée de la nuit. « J'peux vous aider ? » Une voix masculine me sortit de mes pensées. Je relevais mon regard vers la voiture, et esquissais un sourire de soulagement...

◮ Pseudo / Prénom PURPLE CHICK/Megan
◮ Âge : L'âge de l'indépendance.
◮ Tu viens d'où ? D'un pays où les clichés sont chocolats et vaches.
◮ Comment t'es-tu retrouvé ici ? On m'a tendu un piège.
◮ Tu aimes ? Je ne serais pas ici, sans ça, c'est une évidence.
◮ Autre : Bravo les poulets, vous avez vraiment assurés. J'suis amoureuse.

CREDITS : song by shania twain, bans-gifs by fuckyeahmcadams tumblr et tumblr