du genre la marque de ta voiture, si t'as des tatouages, ton caractère, qui sont tes parents, si t'as des flingues sur toi, le genre de musique que tu préfères, comment tu dragues et dis donc où t'as acheté ton tee-shirt ?

→ Je suis un handicapé. Ouais, un foutu handicapé des sentiments. Vous savez, tout ce délire psychotique que vous adorez tant : être aimable, sourire sans la moindre raison, plaire à tout le monde, être gentil, s'inquiéter pour autrui, partager, être à l'écoute et toutes ces tortures qu'on a inventé par un drôle d'excès de masochisme ; eh bien, tout ça, j'y arrive pas. Sérieux, faire la conversation à quelqu'un c'est d'un barbant. Croisez quelqu'un dans la rue, commencez à lui parler, et voilà, si c'est une fille, elle vous prendra pour un énorme pervers qui tentera de la violer – et ça, même si elle est laide comme une poubelle sur laquelle urine une chatte en chaleur – et du coup, elle fera tout pour vous fuir et provoquera un scandale ; si c'est un gars, il vous prendra pour un dérangé, pour un fou échappé de l'asile le plus proche, et il ne vous fera pas la conversation parce qu'au fond, ils sont tous totalement inintéressant. Du coup, oui, je suis un solitaire un peu abrupte, mais au moins, je suis tranquille.
→ Bon, vous devez vous en douter maintenant, mais je fuis tous les lieux publiques où les gens sont susceptibles de m'aborder. Vous ne me verrez jamais dans un bar à la mode, dans un restaurant hype ou autre connerie. Si je dois m'arrêter dans un bar, ce sera un de ces endroits miteux où ne traînent que des vieux ou des traînées ratées (oui, oui, on peut être une ratée en étant traînée, si la vie n'est pas triste). Mais il paraît que je fouis la foule à cause d'une claustrophobie naissante, en même temps, mettez n'importe qui au milieu d'une foule de cons, il tiendra pas le coup et vous fera une crise – que vous pouvez nommer claustrophobie si ça vous chante.
→ À défaut d'apprécier les gens, j'aime beaucoup les livres, la musique et les vieux films. Pourtant, hors de question de me voir entrer dans un cinéma. Je déteste ces endroits, c'est sale, les gens n'ont aucun respect pour les œuvres projetées et surtout, on vous propose que de la merde qu'on essaye de vous faire passer avec un bol de pop-corn d'un gras insoupçonnable. Quant à la musique et les livres, j'ai toujours été assez nostalgique. Faut dire que je reste jamais longtemps au même endroit et j'ai toujours dû me séparer de mes livres, de mes cds. Et pourtant j'ai toujours rêvé de pouvoir les avoir toujours avec moi.
→ Je chante plutôt bien. C'est assez drôle parce que j'ai rien du type talentueux, j'aspirais même à devenir le plus grand des losers, mais même ça c'était trop d'ambition. Bref, je chante pas trop mal et j'ai même réussi à gagner ma vie comme ça pendant un moment. Je chantais dans un bar miteux mais franchement sympathique, on me payait des clopinettes, mais c'était vraiment agréable en un sens. Bon, faut dire que c'était à l'époque où j'étais jeune, presque beau et où il me fallait un avenir quelconque. Enfin, ça n'a pas duré très longtemps, j'ai finis par prendre la route au bout de six mois avec mon meilleur ami et au revoir la guitare et au revoir la chanson.
→ D'ailleurs, si vous voulez tout savoir (d'accord, ça, j'en doute), je n'ai qu'un seul véritable ami. Un ami que je n'ai pas revu depuis... pas mal d'années en fait. J'ai horreur de m'attacher aux gens, en fait, je n'y arrive même pas. Mais avec lui, c'était différent, on était comme des frères et on a grandit ensemble, donc ça aide. C'est avec lui que j'ai pris la route la première fois et c'est avec lui que j'ai passé la plus grande partie de ma vie. Et puis, un jour, il a décidé de prendre la route de son côté (ou alors c'était moi ? Je ne sais plus, mais bon, quelle importance ?). n'empêche que malgré tout ce qui a bien pu se passer, il reste mon meilleur ami, et l'un des rares.
→ J'ai horreur de parler de moi, de raconter ma vie, de m'expliquer, d'essayer de faire connaissance et toutes ces conneries. Déjà, ma vie m'emmerde assez moi-même, pas la peine d'essayer de vous la rendre intéressante – ou alors vous allez la trouver tragique et me prendre en pitié, ce que je ne voudrais pas le moins du monde. Ensuite, ma vie est un peu décousue – non, sérieux, pas qu'un peu – et il s'est passé pas mal de choses dont je ne suis pas très fier et que je voudrais bien oublier. Et puis, aussi parce que ma vie ne vous regarde pas et que je n'ai pas besoin de connaître toute votre biographie pour pouvoir vous apprécier – ou non. D'ailleurs, je suis de ces types qui ne posent jamais de questions, ce qui est plus ou moins apprécié – selon que l'on est plus ou moins égocentrique.
→ Je n'aime pas particulièrement les voitures. J'ai horreurs des 4x4, des gros véhicules, des limousines (en même temps, c'est pas comme si je pouvais m'en payer une, ni même en louer). Mais je dois avouer que j'ai un réel penchant pour les vieilles voitures d'occasions qui semblent vous dire « j'ai vécu tellement de choses, j'ai vu tellement d'asphalte que je pourrais te raconter l'histoire de ton pays. ». C'est dans ce genre de voitures que je traverse les routes. Je m'arrange toujours pour m'acheter une belle occasion assez crasseuse que j'use jusqu'à en avoir marre et que je finis par revendre, heureux à l'idée que quelqu'un d'autre en profitera à son tour.
→ J'ai un sens de la mode assez... révolutionnaire (pour ne pas dire douteux). Je crois que j'arrive à aimer toutes ces choses que personne n'aime en général (mais, faut dire que j'aime toutes ce que personne n'aime, pas uniquement en ce qui concerne les fringues). Du coup, je me suis décidé tardivement, vers mes vingt-cinq ans je crois, à ne plus rien porter de trop excentrique et de me limiter à des jeans et t-shirts assez étranges et confortable. Je dois aussi avoir quelques chemises, mais elles n'ont rien d'élégant sur moi, allez savoir pourquoi. Mais je suis allergique aux manteaux et aux gilets, ce qui est assez compliqué l'hiver, certes. Et puis, aussi bizarre que cela puisse paraître, j'ai un étrange penchant pour les foulards et les écharpes les plus excentriques qui soient. Peut-être que dans une autre vie j'aurais pu être Tom Ford.
→ On a souvent tendance à me prendre pour un alcoolique douteux. Enfin, faut dire, je vous comprend. J'ai pas une dégaine super nette, j'ai un caractère de merde, je le concède. Mais tout de même, ce n'est pas parce que je tiens bien, que je bois beaucoup et à peu près tout le temps que je suis un alcoolique. Sérieusement, mettez un enfant face à un stock de bonbons et il ne s'arrêtera pas tant qu'il en restera, eh bien, moi, c'est pareil, je continue jusqu'à ce que je commence à être beaucoup trop joyeux. Et puis, je suis plus sympa quand j'ai bu, c'est bénéfique pour vous, alors, plus un mot à propos de ce sujet.
→ Je suis un grand flemmard. Je crois que ça colle avec mon côté loser de service. En fait, je crois que j'avance en marge de la société et de la normalité. Je suis si flemmard que ma garde-robe se renouvelle tous les mois. Quand je fais face à ce tas de vêtements sales que jamais je ne laverai, la seule idée qui me vient c'est de tout jeter et de tout racheter. Bon, évidement, je garde quelques pièces qui me tiennent à cœur, mais le reste, c'est poubelle. Au fond, ça ressemble peut-être à mon mode de vie : dès que je commence à en avoir marre de quelque chose ou que je commence à devoir m'impliquer, je quitte tout et prend la route. Mais je trouve ça génial, personnellement.