Mes yeux se sont ouverts, lentement, sur une chambre qui n'était pas mienne. Une chambre à l'allure excentrique, remplie de nombreuses photos et d'œuvres d'Andy Warhol. J'ai vite remarqué qu'il y avait quelque chose d'anormal, quelque chose de changé, quelque chose de différent. Une bague à mon doigt. Et par n'importe quel doigt.
« C'est quoi ce bordel ? » Et puis je l'aperçois, nue sur une chaise, ses doigts dansant sur le piano. Ce sont ses cheveux blonds qui me rafraichissent instantanément la mémoire. Je me souviens du bar, je me souviens qu'elle s'est assise à mes côtés pour se mettre à me parler, je me souviens de ses caresses sur ma peau, je me souviens avoir dansé et chanté sur les tables en sa compagnie et je me souviens du mariage oui. Je me souviens de ses lèvres, je me souviens de sa peau.
« Qu'est-ce que j'ai fait putain ?! » C'est à ce moment là qu'elle s'est retournée et que j'ai remarqué son sourire machiavélique. J'ai soudain compris que c'était ce qu'elle voulait, qu'elle avait obtenu ce qu'elle désirait. Elle s'est approchée de moi, sensuellement avant de s'installer tout contre moi et de poser ses lèvres contres les miennes.
« Comment va mon mari ? » « Il veut le divorce. » Ses mains, délicatement posées sur mon torse ont commencé à descendre vers jusqu'à mon entrejambe.
« En es-tu sûr ? » Je faisais du mieux que je pouvais pour garder le contrôle, mais dans cette situation, cela m'était difficile.
« Qu'est-ce que tu veux ? » Je perdais mes moyens et elle le savait, elle le voyait, elle en riait. C'était un jeu pour elle, son petit plaisir de me faire tourner la tête.
« Que dirais-tu de faire un essai ? Si cela ne fonctionne pas, je te le promets, on divorcera. » Je n'étais plus capable de répondre, elle commençait déjà à me rendre fou. J'étais piégé. Piégé par la pire de toutes, je ne le savais pas encore, mais j'allais vite le découvrir.
« Je me casse Eleanor. » « Et où comptes-tu aller comme ça ? » « Je m'en vais loin de toi, c'est fini. » Je ne savais pas quelle allait être sa réaction. J'avais beau avoir vécu avec elle et être marié avec elle, je ne la connaissais pas vraiment. Elle était imprévisible et cachait de nombreuses facettes qui m'étaient encore inconnues. Elle s'est retournée vers moi, lentement, les yeux en feu.
« Et tu crois que tu peux me quitter comme ça ? Moi ?! » Oui je le croyais, j'en était même sûr. Je lui ai souri, ai déposé un doux baiser sur ses lèvres avant de lui tourner le dos. Moi aussi je pouvais jouer à son petit jeu, elle m'avait beaucoup appris.
« Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement Emrys. » Je n'ai pas pris la peine de répondre, continuant de m'éloigner d'elle en souriant.
« Je vais te manquer, je le sais. Et quand tu reviendras vers moi je ne serai plus là. » Folle, elle l'était, elle l'avait toujours été, et d'une certaine manière, ça m'avait plu, mais j'en avais assez. Je suis monté dans ma voiture et je suis enfin parti, en route pour la liberté.
La route était mienne et même si je ne savais pas où je voulais aller, je savais que je voulais m'éloigner de tout ce que je connaissais. Je voulais tout recommencer et profiter. Cela faisait déjà quelques jours que j'étais parti quand une silhouette attira mon attention. Une silhouette avec des cheveux roses qui faisait du stop. Intrigué par la couleur de ses cheveux, je me suis arrêté pour poser mon regard sur une belle jeune femme d'une vingtaine d'années.
« Vous allez où ? » « J'en sais vraiment rien. » « Ça tombe bien moi non plus. » J'ai attendu qu'elle monte, mais au lieu de cela, la jeune femme aux cheveux roses est restée immobile, sceptique.
« Vous attendez quelque chose ? » « Qui me dit que vous n'êtes pas un tueur et que je vais finir morte dans un ravin. Ou peut-être êtes-vous un pervers qui va en profiter pour toucher pendant la nuit ... » Elle avait un côté innocent, un côté rêveur et complètement à côté de la plaque qui me donnait envie de la connaître.
« C'est à toi de juger. » Elle est finalement montée et elle est toujours là depuis. Je n'ai pas envie qu'elle parte et je crois qu'elle n'a pas envie de partir non plus. Angie est devenue une sorte de fruit interdit. De dix ans ma cadette, j'ai l'impression de ne pas pouvoir la toucher et pourtant ce n'est pas l'envie qui manque.